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« Le driving » : conduire ou mener, le rêve de toutes les femmes au fil
des siècles ! |
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Sous
Louis XV, le cabriolet venant d’être mis à la mode, et « le bon
ton voulant que toute femme conduise elle-même sa voiture » on
dénombrait 15 000 véhicules hippomobiles dans les rues de Paris. Le
jeudi étant le jour chic réservé à la promenade des boulevards, le « Tout-Paris
roulait entre la porte Saint-Antoine et la Porte du
Pont-au-Choux. » C’était un encombrement sans nom où les femmes
de la Cour comme les comédiennes rivalisaient de magnificence et
d’originalité. Mais les plus jolies mains étant peut-être aussi les plus
malhabiles, les accidents se multipliant, le roi fit publier une ordonnance
interdisant à toutes les femmes ou dames de conduire elle-même leur voiture
« à moins qu’elle ne présentât d’absolues garanties de prudence,
de maturité et qu’elle fut au moins âgée de trente ans. » Deux
jours après, il n’y eut plus, dans tout Paris, une femme assez courageuse
pour conduire sa voiture !
Ce
n’est qu’au tout début du XIXe siècle que les dames
redécouvrirent le plaisir de mener elle-même : à partir du 1ermai,
elles prirent l’habitude des sorties à Longchamp et des promenades au Bois de
Boulogne. Vers
1855, la calèche se tronqua en cabriolet, duc, petit duc qu’elles
conduisirent elles-mêmes , d’abord timidement à la campagne, puis, vers
1860, le matin à Paris.
Vers
1889, le nombre des voitures attelées devint si considérable que les femmes, une
fois de plus, pour échapper aux qualificatifs violents des cochers
mécontents, cherchèrent un moyen d’exercer la conduite sans avoir à craindre
pour leur dignité ! Elles exclurent les grands chevaux, les gros
véhicules et les grooms. Tournées par mode vers l’Angleterre, les femmes
en prirent la langue : jeunes ou vieilles s’adonnèrent au « driving »
à une heure matinale, avec de minuscules voitures attelées de poneys. La
duchesse de Chevreuse menait ses 5 poneys souvent emballés à un poney-chaise,
véhicule d’ailleurs très prisé des jeunes filles qui sortaient seules et
engageaient, en toute discrétion, une« flirtation » pas
toujours inoffensive ! Le cheval monté ou attelé était en effet la
seule occupation extérieure pour laquelle toute jeune fille pouvait se
dispenser d’un chaperon… L’écurie
des dames impliquait un train de maison souvent considérable avec plusieurs
chevaux et poneys et plusieurs véhicules.
En
1903, les femmes et leurs attelages envahissaient la ville et la campagne. Le matin, en promenade,
elles se faisaient suivre parle chien favori. Les colleys et les lévriers, si
à la mode, qui ramassaient boue et poussière dans leurs longs poils,
n’auraient sans doute pas été fâchés d’être détrônés par une autre
race ! L’année
suivante, s’enhardissant, les plus intrépides conduisaient même des
mail-coaches, comme la très jeune Mlle Pierpe, la
baronne de Zuylen de Nyevelt,
Mme la duchesse douairière d’Uzès…
En
1906, le tandem, décrit par Franc Nohain « comme moyen de
locomotion aussi gracieux que vain » obtint un succès prodigieux
et envahit les lieux de promenade à la mode. La
diversité des genres de véhicules devint considérable. Bien que la première
guerre mondiale marquât la fin des beaux équipages, jusqu’à la deuxième
guerre mondiale, un défilé de drags, chargés des plus élégantes femmes de la
haute société, traversait Paris pour se rendre, en cortège, au champ de
courses d’Auteuil…
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